02-06-2016 Design

Architectes : quels critères prendre en compte avant de se lancer dans un projet de piscine commerciale ?

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Construites à flanc de montagne ou sur le toit d’un immeuble, les plus belles piscines rivalisent d’imagination. Pour faire sortir du lot leur piscine collective privée, les gestionnaires veulent une construction unique et fiable. Des projets souvent périlleux et difficilement réalisables pour les architectes…

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Architecte, tout comme piscinier, est une profession qui ne s’invente pas. Il faut maîtriser de nombreux corps de métier, posséder une certaine polyvalence et un savoir-faire irréprochable. Il est cependant peu fréquent que les formations englobent les techniques de construction de piscine. C’est donc une compétence rare et recherchée pour des projets où créativité, esthétisme et qualité doivent être au rendez-vous. Pour mener à bien ce type de construction, il faut prendre en compte plusieurs critères.

Usages et cahier des charges

« Il y a tellement de chose à prendre en considération que chaque critère entraîne un nouveau projet », résume Jacques Couacault, expert piscine, vérificateur et spécialisé dans les campings. Il faut donc systématiquement produire un cahier des charges adapté à chaque situation pour piloter le chantier en toute connaissance de cause et ne pas avoir de mauvaise surprise à la fin. « La première étape est de définir la fréquentation et la typologie des personnes qui fréquenteront le bassin et ses alentours » ajoute Jacques Couacault. Dans certains cas, le projet aura des besoins très spécifiques : présence d’aquabikes, piscine de rééducation ou pour bébé nageurs… Il faut également savoir prévenir les nuisances : « Si vous mettez un couloir de nage à contre-courant dans un hôtel 5 étoiles, personne ne pourra fermer l’œil à cause du bruit. Il faudra soit abandonner l’idée, soit implanter la piscine dans un bâtiment séparé », explique l’expert piscine.

Intérieur ou extérieur ?

Si pour le gestionnaire la différence est juste une question de goût ou de budget, pour un maître d’œuvre il y a un véritable fossé technique entre piscine extérieure – sous abri ou non – et intérieure. Cette dernière doit s’adapter à des conditions réglementaires draconiennes : quantité de lumière, réverbération sonore, qualité de l’air… Des exigences à ne pas prendre à la légère car elles sont justifiées : les réactions entre produits d’entretien (chlore notamment) et produits organiques des baigneurs (sueur, salive) peuvent être à l’origine de difficultés respiratoires et d’irritations.

Le choix de l’étanchéité

En fonction des usages auxquels est destinée la piscine, l’architecte peut opter pour l’étanchéité désolidarisée (membrane ou liner) ou pour l’étanchéité solidaire du support (carrelage), deux systèmes structurels qui ont leurs particularités. « Dans le cas d’une étanchéité solidaire, on n’a pas le droit à la moindre microfissure, sinon gare à la fuite ! », avertit Jacques Couacault. « Cela demande donc plus de technique. Mais on peut monter à plus de 34°C ! ». En effet, les membranes et les liners ne supportent pas les températures hautes. L’étanchéité désolidarisée sera donc à proscrire pour des piscines chauffées, comme on en trouve chez des kinésithérapeutes ou des centres thermaux.

Environnement et contraintes de poids

Une piscine dans le désert ou sur un toit : les conditions environnementales d’implantation doivent être évaluées avec prudence pour éviter les catastrophes ! L’ouvrage devra parfois être léger s’il est destiné à un bateau de croisière par exemple, ou lourd, pour bien l’ancrer sur un coteau.

Le permis de construire

L’architecte possède bien souvent plusieurs missions, de la création des plans jusqu’au suivi de chantier. Il n’est pas rare qu’il doive également gérer l’intégration administrative. Le permis de construire peut être soumis à des exigences particulières. Si le chantier se trouve en zone sensible ou protégée, un professionnel des Bâtiments de France devra être consulté et pourra apporter des changements – notamment de nature esthétique –  pour que la piscine s’intègre au mieux dans le paysage.

Bien choisir son équipe

« Le choix des équipes est primordial ! Pour un même projet, j’ai vu des résultats très différents… et parfois désastreux », se souvient Jacques Couacault. Les maîtres d’œuvre ayant l’habitude de réaliser ce genre de chantier travaillent souvent avec des pisciniers en qui ils ont confiance. Il n’y a en effet pas le droit à l’erreur : un travail bâclé, et c’est tout l’ouvrage qui prendra l’eau au bout de quelques mois… à vouloir faire des économies de bouts de chandelle, on s’expose à des frais de réparation faramineux. 
Il faut certes se montrer polyvalent mais également pragmatique, et savoir déléguer quand il le faut. « Dès lors que vous entrez dans un secteur ultra-spécialisé, il faut faire appel à des experts. La piscine englobe 34 métiers : on ne peut pas tout connaître ! ». Un piège dans lequel tombent de nombreux architectes qui tiennent absolument à tout réaliser – au détriment de la qualité de l’ouvrage.  Il ne faut donc pas hésiter à faire appel à d’autres professionnels : cela aura un impact bénéfique sur la construction, mais également sur votre expérience et sur votre savoir-faire technique.

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